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MINISTERES

 

De l'examen des textes bibliques ressort le caractère trinitaire de l' institution par Dieu des ministères : « Dieu a établi » (1 Co 12,28), le Christ glorifié « a donné » (Ép 4,11), « le Saint-Esprit vous a établis » (Ac 20,28).

En même temps, il se dégage l'impression d'une réelle liberté : la Bible souligne certains grands principes qui ont force de loi parce qu'ils touchent aux grands axes de la doctrine chrétienne, mais l'adaptation aux situations locales et particulières prend des formes variées.

 

•  LA SITUATION THÉOLOGIQUE DES MINISTÈRES

 

De l'Ancien au Nouveau Testament

L'Ancien Testament peut être invoqué pour accorder aux ministres un statut particulier : on y constate en effet que des ministères de type officiel distinguent nettement les ministres du reste du peuple de Dieu. Ces ministres reçoivent un statut d'intermédiaires entre le peuple et Dieu, et ils ont une fonction de représentation de Dieu.

Cependant, il y a transposition entre l'Ancien Testament et le Nouveau Testament, où par exemple le vocabulaire sacerdotal est studieusement évité dès qu'est abordé le thème des ministères. En particulier, la nouveauté du Nouveau Testament est le baptême du Saint-Esprit, qui constitue en un seul corps les élus de Dieu. Or, à cause du mélange que constituait Israël, dont seul un reste avait part à la vie de Dieu, les ministères ne pouvaient pas jadis avoir le même caractère que dans un corps unique où tous sont membres au même titre.

 

L'aspect fonctionnel des ministères

Ainsi 1 Co 12,4-6 met désormais l'accent non sur le statut des ministres mais sur les fonctions qu'ils exercent dans l'Église, si bien que dons et ministères apparaissent comme l'envers et l'endroit d'une même réalité dans la pensée de Paul. Seulement, il y a des dons qui correspondent à un service plus régulier, structurel dans l'Église, et qui donnent lieu à des titres.

Dans l'Église, le corps du Christ, si tous n'ont pas un ministère particulier, tous ont un ministère, d'une sorte ou d'une autre, tous ont un rôle à jouer. Éphésiens 4,16 présente même les ministères, dons du Seigneur ressuscité et monté au ciel, comme les articulations du corps, qui reste solidement lié dans sa diversité.

 

La représentation du Christ

Cette compréhension des ministères amène à refuser l'idée selon laquelle aujourd'hui un ministre du Seigneur représenterait d'une façon exclusive le Christ : d'après la logique de Matthieu 23, 8-10, un tel représentant risquerait d'usurper ce qui revient à Jésus seul. Par son Esprit celui-ci est d'ailleurs trop présent dans son Église pour être représenté aussi lourdement et distinctement qu'avant son incarnation. De même, c'est parce que tous les membres de l'Église le connaissent et qu'ils constituent un corps qu'il n'y a plus de différence statutaire si marquée que celle que connaissait l'Ancien Testament.

Si le Nouveau Testament permet encore de parler de représentation, c'est en ce sens que tous les chrétiens représentent le Christ pour tous les chrétiens (cf. Mt 25,40.45 ; Ac 9,4). Ceci étant établi, cette représentation du Christ s'exprime de diverses manières, chaque ministère représentant un aspect particulier de l'œuvre du Christ pour les siens.

 

•  LES MINISTÈRES PARTICULIERS

 

La comparaison de différents textes du Nouveau Testament (Rm 12,6-8 ; 1 Co 12,28 ; Ép 4,11 ; 1 P 4,11) permet de relever un certain nombre de ministères qui semblent liés de manière permanente à la vie de l'Église. Ces ministères particuliers sont des fonctions essentielles que certains membres de l'Église exercent régulièrement au sein des communautés ou à l'égard de celles-ci, et qui ont un caractère officiel – ce que dénote l'usage d'un titre. On peut en distinguer six, qui vont par paires.

 

Apôtres et évangélistes

Au sens fort, le ministère d'apôtre a concerné les douze et Paul : ils constituent avec le Christ la fondation du nouvel Israël auquel les païens sont greffés. Dans l'apostolat, tous les dons sont pour ainsi dire récapitulés. Mais il y a aussi le sens faible de missionnaire. Comme les douze et Paul ont été associés au Christ pour la fondation de l'Église universelle, les missionnaires sont d'abord des fondateurs d'Églises locales.

Le ministère d'évangéliste est, lui, très difficile à cerner dans le Nouveau Testament. L'usage du terme y est assez différent de notre usage habituel. Ainsi, Timothée reçoit le titre d'évangéliste (2 Tm 4,5) alors qu'il exerce une fonction de délégué apostolique. Tout au moins peut-on dire que l'évangéliste est quelqu'un qui porte l'Évangile, comme les coéquipiers de Paul, et qui forme les autres chrétiens à faire de même (Ép 4,11-12).

 

Prophètes et docteurs

On ne peut pas séparer de manière absolument stricte la prophétie et l'enseignement. En particulier, la prophétie ne consiste pas uniquement en une parole surgissant tout à coup dans l'esprit de quelqu'un et correspondant en une révélation très précise (cf. 1 Co 14). Les prophètes, comme Ésaïe, Zacharie et Jésus lui-même, sont aussi des enseignants, des théologiens. « Celui qui prophétise … parle aux hommes, les édifie, les exhorte, les console » (1 Co 14,3) : cela est extrêmement vaste, et l'apôtre souligne dans la suite du chapitre la part de l'intelligence chez le prophète. On peut encore citer l'exemple de Jézabel, dont il est dit qu'elle enseigne : si les faux prophètes enseignent, eux qui imitent les vrais, c'est bien qu'une part d'enseignement peut être incluse dans la prophétie.

Ceci dit, le prophète semble davantage être l'homme qui applique la Parole de Dieu à une situation actuelle ; il transmet au nom de Dieu un message qui se fiche dans le vif de l'existence de ses interlocuteurs. Le docteur, lui, se détache au moins relativement de la situation particulière où il se trouve avec ses auditeurs, et il expose les mystères de Dieu dans leur ordre, déployant le contenu de « la foi transmise aux saints une fois pour toutes » (Jude 3).

Anciens et diacres

 

L'Église vit de la Parole de Dieu, mais, puisqu'elle est toujours sur la terre, elle a aussi besoin des dons de gouvernement et de service : les ministères d'ancien et de diacre (1 Tm 3) trouvent ici leur place.

Les anciens, que Paul appelle aussi « épiscopes » , ont pour charge de paître le troupeau local (Ac 20,17.28). Il s'agit d'un rôle de gouvernement, de conduite (Hé 13,7.17.24). Les anciens doivent aussi être capables d'enseigner (1 Tm 3,2 ; cf. Ép 4,11 qui associe en une seule catégorie les « pasteurs et docteurs »). Quant aux diacres, ils semblent être les assistants des anciens, et ils ont des missions qui peuvent dépasser largement les tâches matérielles : Philippe est appelé « évangéliste » et Étienne fait œuvre de théologien (cf. Ac 6,5 ; 7 ; 21,8).

 

L'Église et son espérance

 

Sylvain Aharonian ,

très largement redevable au cours sur la doctrine de l'Église

dispensé à la Faculté Libre de Théologie Évangélique

par Henri Blocher.

Le mot « ancien » renvoie au monde juif, celui d'« épiscope » au monde grec.

 

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