D'après le Nouveau Testament, l'Église est le rassemblement des croyants ; la foi au Christ est donc la condition nécessaire et suffisante de l'appartenance à l'Église.
L'accent sur la foi renvoie à l'œuvre du Saint-Esprit, qui régénère le croyant, si bien que l'Église peut être présentée comme la communion de l'Esprit. Ceux qui ont part à l'Esprit sont de l'Église.
Éphésiens 4,4 associe d'ailleurs à dessein « un seul corps et un seul Esprit ». De même 1 Corinthiens 12,13 est explicite quand il déclare que tous les croyants ont été « baptisés dans un seul Esprit, pour être un seul corps ». L'expérience fondamentale et initiale de la foi en Jésus-Christ et le baptême du Saint-Esprit vont ainsi de pair et coïncident avec l'introduction dans l'Église.
Historiquement, la venue du Saint-Esprit à la Pentecôte a donc uni d'une manière surnaturelle, en un seul corps, tous les croyants. Le Père et le Fils sont un dans l'Esprit, et ceux qui croient sont un comme le Père et le Fils sont un : par l'Esprit .
L'Église catholique, en disant que « là où est l'Eglise, là est l'Esprit » , renverse, en pratique, le rapport Saint-Esprit / Église. Du coup, la Trinité « pratique », chez beaucoup d'auteurs catholiques, semble avoir été celle du Père, du Fils, et de l'Église . Celle-ci reçoit une composante divine, et, comme telle, serait le canal pour la grâce divine !
L'apôtre Paul emploie aussi l'image du corps du Christ (1 Co 12,27) pour parler de l'Église, mais il distingue bien entre Jésus-Christ, la tête, et le corps métaphorique qu'est l'Église ; il distingue aussi – cela ressort clairement de Philippiens 3,21 par exemple – entre le corps individuel de Jésus, sorti du tombeau et monté au ciel, et son corps spirituel, social, métaphorique, qu'est l'Église.
Pour l'image du corps appliquée à l'Église, Paul s'est inspiré principalement du récit de la formation du premier couple humain. L'apôtre voit ainsi dans le Christ et dans l'Église deux sujets en vis-à-vis, et il compare la manière dont le Christ et le croyant sont un seul Esprit à celle dont l'homme et la femme sont une seule chair (1 Co 6,12-20).
Les croyants, représentés non plus par Adam mais par le Christ dont le corps physique est mort et ressuscité pour leur rédemption, sont ainsi unis dans le corps du Christ, si bien que l'unité de leur situation peut être décrite comme un corps.
L'Église apparaît encore comme l'Israël de Dieu, son peuple (1 P 2,10). C'est le « peuple des saints du Très-Haut » (Dn 7,27), la « Maison de Dieu » (1 P 4,17), le troupeau de Jésus, pour qui celui-ci dispose du Royaume (Lc 12,32 ; 22,29), lequel a été enlevé à l'Israël qui n'est que selon la chair (Mt 21,43). L'Église est donc le vrai peuple messianique, le « reste » d'Israël (És 10,20-22 ; 28,5 ; 37,32 ; Rm 11,5) qui devait être purifié.
Ainsi, l'Église prend en 1 Pierre 2,9-10 les titres mêmes de l'ancien Israël selon Exode 19,5-6 : « sacerdoce royal », « nation sainte », « peuple de Dieu ». Mais entre l'Ancien et le Nouveau Testament, il y a transposition, changement de plan : ce qui correspond à la circoncision de l'ancien régime, c'est la circoncision intérieure qu'est la régénération (Col 2,11 ; Rm 2,29) ; c'est elle qui désormais marque l'appartenance au peuple de Dieu, à l'Alliance.
Dans le Nouveau Testament, « Église » se réfère ou bien à l'assemblée locale ou bien à l'Église universelle. Les deux versets qui mettent le mot sur les lèvres de Jésus correspondent à ces deux usages : en Matthieu 16,18, Jésus se réfère à l'Église universelle, mais en Matthieu 18,17, lorsqu'il indique quelles étapes la discipline devra suivre, Jésus parle d'un groupe local.
Simplement, l'Église locale est l'expression et la manifestation dans un temps et un lieu donnés de l'Église universelle. Certes, l'Église locale, dans sa visibilité concrète, ne correspond pas toujours à sa définition de rassemblement des croyants d'un même lieu, mais elle est appelée à tendre vers la pure expression de son être. Autrement dit, si, par vœu divin, elle ne contient que des croyants, elle peut de facto receler des hypocrites conscients ou inconscients (1 Jn 2,19).
L'Église et son espérance
Sylvain Aharonian ,
très largement redevable au cours sur la doctrine de l'Église
dispensé à la Faculté Libre de Théologie Évangélique
par Henri Blocher.
I rénée , Adversus haereses , III, 24, 1. Le pape, à l'ouverture de la troisième session de Vatican II, a encore insisté : « Si l'Église est ici, ici est l'Esprit Paraclet. ».