ACCUEIL

 

LA CREATION

 

•  LE SENS DU DOGME DE LA CREATION.

 

 

Henri Blocher dit : « Le Dieu trinitaire a librement produit tous les êtres – autres que lui-même – dans la totalité de leur être, radicalement distincts et dépendants de lui. ».

 

« Le Dieu trinitaire »

Le Père, le Fils et le Saint-Esprit ont créé : l'Esprit est déjà présent en Gn 1,2 (cf. Jb 33,4 et Ps 104,30), et Jésus est présenté en Ap 3,14 comme le principe de la création (cf. Hé 1,2 ; Jn 1,3 et Col 1,15-16).

Une différenciation est déjà présente en Dieu, qui est trinitaire : l'œuvre de la création est comme un prolongement de cette ligne trinitaire ad extra.

 

« A … produit »

Gn 2,3b présente dans le texte original une tournure indiquant que Dieu a fait par mode de création . La création est en effet une production, un acte de Dieu qui fait exister les choses. Cf. És 66,2a ; Ap 4,11. Cf. aussi Gn 1,3 («  Que soit lumière ! »), Gn 1,6 («  Que soit une étendue ! »), etc..

 

« Librement »

L'Écriture (Ap 4,11) rapporte la création à la décision de Dieu, à son vouloir, et non à une quelconque nécessité de sa nature : il s'agit de création par Dieu et non d'émanation du divin, comme si la création découlait nécessairement de Dieu à la manière d'un épanchement de sa propre substance – on glisserait sinon vers le panthéisme.

Dieu n'avait en effet nul besoin de créer. Il n'avait nul besoin de l'hommage de créatures ; il n'y avait pas le moindre manque en lui. Si Dieu n'était qu'une seule personne, on aurait pu peut-être envisager que sa solitude lui fût une insuffisance, mais la doctrine de la trinité nous indique que Dieu possède aussi en lui-même la relation.

Cependant, s'il faut bien confesser que Dieu avait décrété de toute éternité de créer le monde, que reste-t-il ici de la liberté divine ? Si la décision de créer était depuis toujours dans la pensée de Dieu, lequel ne change pas (Jc 1,17), s'il n'arrive rien d'imprévisible pour Dieu, comment comprendre qu'il ait librement exercé sa volonté pour créer ? Notre esprit ici se perd, car nous ne sondons pas le mystère de la vie divine ni ne maîtrisons la conception de l'éternité divine (cf. paragraphe Temporalité de la création ). Notons du reste que la Bible met davantage l'accent sur l'événement de la création que sur le décret de création : nous devrions nous-mêmes insister sur l'œuvre de création, tout en nous souvenant que Dieu fait tout selon son plan éternel.

 

« Tous les êtres … dans la totalité de leur être »

D'après Jn 1,3, rien de ce qui est venu à l'existence n'est venu à l'existence sans Dieu. Cf. Néh 9,6 ; Rm 11,36a ; Ép 3,9 ; Col 1,15-16 ; Ap 4,11.

 

« Radicalement distincts et dépendants de lui »

La Bible – en particulier les thèmes de l'alliance et du jugement – affirme la réalité des créatures face à Dieu, leur consistance propre : pas de panthéisme ! Mais la Bible affirme également la stricte dépendance des créatures par rapport à Dieu (Ac 17,28 ; Col 1,17) : si Dieu se retirait, sa création s'évanouirait dans le néant.

 

•  LES MODALITÉS DE L'ŒUVRE DE CRÉATION

 

Création et perfections de Dieu

La création est une révélation de Dieu dans les choses, elle reflète ce qu'est Dieu. Par la création sont particulièrement mis en évidence la puissance (Rm 1,20) et la sagesse de Dieu (Jr 51,15).

 

Temporalité de la création

Les païens ont demandé : « Que faisait Dieu avant la création ? » ; Augustin a répondu : « Il préparait l'enfer pour les curieux ! ». Mais Augustin a avoué qu'il n'est pas facile de répondre à cette question, et il a finalement expliqué que la question de l'avant et de l'après concernant Dieu n'a pas de sens, car il serait pur présent ; le temps aurait été créé avec le monde. Cette opinion est devenue traditionnelle.

Mais la Bible évoque l'idée d'un commencement de la création (Gn 1,1 ; Mc 10,6), elle parle d'un « avant la fondation du monde » (Ép 1,4 ; 1 P 1,20). Cela suggère que la création se situe en un point que l'on touche en remontant le temps historique, et que pour Dieu lui-même la création est analogue à un événement temporel.

Certes, l'éternité divine n'est pas simplement du temps infiniment étiré, mais le langage biblique suggère qu'il y a un caractère successif dans l'éternité de Dieu. Il semble qu'il faille distinguer entre le temps propre à la création et le temps divin. Alors que le temps de l'homme se caractérise par un rythme qui lui est imposé, Dieu délimite lui-même ses avants et ses après : aucune loi ne lui est imposée de l'extérieur.

On pourrait ajouter, d'après Ecc 3,11, que l'homme participe à l'éternité : il s'élève un peu au-dessus de la succession avant-après, il la pense, mais seul Dieu la maîtrise parfaitement. L'homme est dans le temps comme le nageur dans l'eau : il émerge un peu.

 

Déroulement de la création

La présentation en Gn 1 de la création étalée sur une semaine suggère que le monde a été créé progressivement. Mais l'a-t-il été en six jours ou en quinze milliards d'années ?

En Gn 1 à 3, il y a suffisamment d'indices pour penser que les jours sont une figure de style pour la présentation des grandes dimensions logiques de l'œuvre créatrice ; l'intention principale est de présenter l'œuvre de Dieu comme l'archétype, le modèle de la semaine humaine, situant le sens du sabbat.

Par exemple , Gn 2,5 explique l'absence d'herbe et d'arbustes par l'absence de pluie et d'irrigation humaine. Cette explication présuppose le jeu normal des lois de la nature pour la croissance des plantes, et des temps suffisamment longs pour que l'absence de pluie puisse constituer la cause de l'absence de plantes. Cela ne s'accorde pas avec l'hypothèse d'une semaine littérale, car si la terre sèche n'a émergé que le mardi, si la végétation n'existe que depuis ce jour-là, on ne va pas expliquer le vendredi suivant qu'en un lieu donné la végétation manque par suite du manque de pluie !

Mentionnons encore l'omission délibérée de la formule sur le soir et le matin pour le septième jour : pour l'auteur, ce jour dure encore, car le repos de Dieu signifie l'achèvement de la création et permet l'histoire. Cela plaide en faveur de la non-littéralité de la semaine de Gn 1.

 

•  DISPOSITION DE LA CRÉATION

 

Pour parler de la réalité créée, la Bible emploie très souvent des formules doubles : « le ciel et la terre » (Gn 1,1), « ce qui est visible et ce qui est invisible » (Col 1,16). Cette dualité ne signifie pas qu'il y a deux mondes refermés sur eux-mêmes. Il y a un seul monde créé, mais avec une part invisible où Dieu a choisi de résider bien qu'il remplisse aussi la terre, et une part visible où l'homme est placé tout en pouvant communiquer avec le céleste.

L'existence du ciel rappelle à l'homme terrestre qu'il n'est pas sa propre référence. L'existence de la terre proclame que Dieu ne se contente pas de serviteurs, mais qu'il veut des partenaires d'alliance, tenus à distance comme des vis-à-vis.

Quant au ciel étoilé, il fait partie du visible, il est à rattacher à la terre. Cependant, il semble servir de signe de l'invisible par son aspect de surplomb, d'englobant, d'inaccessible.

 

L'Homme et son salut

 

Sylvain Aharonian ,

très largement redevable aux cours de théologie systématique

dispensés à la Faculté Libre de Théologie Évangélique

par Henri Blocher.

Nous reprenons pour cet exemple, comme d'ailleurs pour la remarque sur le septième jour, les propos d'Henri Blocher dans Révélation des origines , Lausanne, PBU, 1988 2rev , p. 47-48.

 

RETOUR