L'autorité de Dieu sur nous (Ps 10,16) se concrétise par l'autorité des Écritures, Parole de Dieu. Cette autorité, qui découle de l' origine divine des Écritures, est le droit de Dieu de déterminer toute notre conduite.
Lorsque nous nous approchons des Évangiles sans a priori, leur témoignage et l'action combinée du Saint-Esprit nous amènent à croire en Jésus ; alors celui-ci nous ouvre les yeux sur l'autorité de l'ensemble de la Bible. Pour le Christ, l'Écriture est en effet l'instance suprême ; son autorité est valable jusque dans les détails. Ainsi en Jean 10,34-36, Jésus s'appuie sur un petit psaume, et son argument repose sur l'usage d'un seul mot, « dieux », tant il est sûr que l'instruction divine, fidèle dans les grandes choses, l'est aussi dans les plus menues.
Du reste, de nombreuses autres références de Jésus à l'Écriture soulignent l'autorité de celle-ci (Mt 5,19 ; 15,6), en particulier quand il répond au Tentateur par un triple « il est écrit » (Mt 4,4.7.10), ou quand il affirme que les Écritures « rendent témoignage » de lui (Jn 5,39).
De même les apôtres, nommés et mandatés par le Christ (Mc 3,14-15 ; Ac 26,17), parlent à propos des Écritures de « canon » (Ga 6,16), de « règle de doctrine » (Rm 6,17), de « modèle » à respecter (2 Tm 1,13), et 2 Pierre 3,16 met sur un pied d'égalité les épîtres de Paul et le « reste des Écritures ».
Aucune rivalité avec l'autorité des Écritures, Parole de Dieu, n'est concevable. De plus, cette autorité ne se limite pas à un domaine a priori. Elle est aussi permanente (1 P 1,23). Par ailleurs, sur elle on peut s'appuyer, d'après elle on peut se diriger.
Certes, il convient de distinguer les paroles de Dieu et de ses serviteurs parlant de sa part, des paroles du Diable ou des impies, authentiquement rapportées sans être pour autant normatives !
L'autorité biblique est affaiblie quand on ne permet plus à l'Écriture de juger l'Église mais qu'au contraire un pape ou la tradition de l'Église superposent leur autorité à celle de l'Écriture.
L'autorité biblique est encore attaquée lorsque l'homme se donne la liberté de rejeter certaines affirmations des Livres saints et de juger l'Écriture (cf. Gn 3,1). La Bible, qui affirme être elle-même la Parole écrite de Dieu, nous place devant une alternative : la foi ou l'incrédulité. C'est en effet par la foi que nous acceptons l'autorité de l'Écriture (cf. Jn 7,17), et nous l'acceptons seulement dans la mesure où la Bible le demande.
D'autre part, la recherche des dons de l'Esprit, des extases et des prophéties peut paradoxalement éloigner de Dieu si le croyant en vient par cette façon à négliger l'Écriture : « Pourquoi serais-je lié par un livre du passé alors que je peux chaque jour communiquer avec Dieu ? ». Mais sans le contrôle constant de la révélation écrite, le croyant est la merci de toutes sortes d'égarements.
La soumission à l'autorité des Écritures nous libère des superstitions, de la tromperie et des fluctuations incessantes du monde (Jn 8,31-32). Elle permet en outre l'unité spirituelle de tous ceux qui ont en commun cette attitude de soumission. Enfin elle nous permet d'annoncer tout le message biblique avec autorité, sans hésitation : en effet cette Parole ne vient pas de nous mais de Dieu.
L'autorité de la Bible s'exerce en fonction de son message , qu'il s'agit donc de bien saisir : Dieu communique à l'homme le sens de l'existence humaine et du salut.
Ainsi en Jean 10,34-36, le Christ donne à l'Écriture le même statut que les pharisiens, mais ils se heurtent sur le sens : les pharisiens auraient accepté que Jésus revendique le titre de « dieu » en tant que simple représentant de Dieu, mais ils se révoltent en comprenant que leur interlocuteur a des prétentions tout autres.
Les chefs juifs croyaient donc à l'autorité de l'Écriture, mais ils n'en comprenaient pas le sens. L'Écriture était devenue pour eux un moyen de se passer de Dieu ! Or l'autorité de la Bible devient pleinement manifeste quand est compris l'enseignement biblique, dont Christ est le centre.
Dieu et la Révélation
L'AUTORITÉ DES ÉCRITURES
Sylvain Aharonian